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Affichage des articles du août, 2017

Au musée de la sédition

Que reste-t-il de l’insurrection de Paris d’août 1944 ? L’été parisien a quelque chose d’unique au monde. Dans cette France centralisée, où la petite Ile de France concentre les richesses, la population de la capitale s’éparpille en vacances. Les touristes étrangers la remplacent, jusque parfois dans leurs habitations avec le boom d’Airbnb. Du coup, il est difficile pour le parisien de 2017 d’imaginer qu’il y a 73 ans, ses maigres aïeuls dressèrent des barricades, puis acclamèrent l’arrivée des blindés de la 2 ème DB à quelques rues de chez lui. Ce coup d’œil en arrière est pourtant de circonstance, moins pour l’anniversaire en lui-même qu’en raison du contexte. Les dernières présidentielles furent très « anti-système », un slogan séditieux s’il en est. Comment se déroule une révolte, lorsqu’elle est un peu plus qu’un slogan ? Qu’est-ce qui fit se lever les barricades, au cours de cette semaine du 19 août ? Bref rappel historique : Américains et Britanniques ont débarqué en Norma

L’urgence comme gouvernail

En généralisant l’état d’urgence, l’exécutif restreint notre droit à choisir le futur. Lorsque les médias ont annoncé l’assaut contre les locaux de Charlie Hebdo, je n’ai rien ressenti de particulier. Et pour cause : j’étais dans le métro, en route vers mon travail, sans smartphone. Je n’étais pas au courant. Une fois à destination, je me dirige jusqu’à ma salle de cours. Et là, vent de panique : les étudiants, affolés par la nouvelle, m’apprennent ce qu’il en est. En ouvrant la porte de la classe, j’avais franchi le court interstice qui sépare la routine de l’événement. Il fallait aménager l’ordre du jour, prendre en compte l’émotion du public : c’était l’état d’urgence. Situation impérative, où la représentation qu’on peut se faire du futur est suspendue à l’annonce d’un dénouement plus ou moins proche. Une condition d’incertitude, où les personnes dépositaires de l’autorité jouissent d’une aura inhabituelle. Mes étudiants, déjà plutôt gentils d’habitude, m’ont paru ce jour-là d

Antisystème, le flou qui cache un loup

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Et si la présidentielle 2017 s'était fait sur le dos d'un ennemi imaginaire? Le Pen, Mélenchon, Hamon, Fillon, Asselineau, Poutou et consorts n’ont de cesse de vilipender le système, ce bouc émissaire au contour flou. Partons à sa recherche, car l'animal est sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Aux États-Unis, Donald Trump le combat activement, lui qui a été porté au pouvoir avec la promesse de le tailler en morceaux. En Europe, le «système» a été chassé d'Espagne, puis de Grèce, par Podemos et Syriza, dont il a tout de même réussi à faire échouer la politique. On l'aurait vu dernièrement, en Grande-Bretagne, ferrailler contre les partisans du Brexit. Sa défaite l'aurait poussé à franchir le Channel pour faire une brève halte en France, le temps d'une élection présidentielle. Mais là, malheureusement pour lui, il n'avait aucune chance: tous les prétendants à la magistrature suprême avait promis de lui faire rendre gorge. U