Il nous faudra aller voter



L'offre politique de ces présidentielles 2017 ne vous fait pas envie ?
Confidence pour confidence : à moi non plus.

Je crois fermement que votre envie, mon envie n'est pas l'enjeu de cette élection.
L'enjeu, c'est que votre dégoût et le mien ne conduise pas à céder la France à une brigue.

"Tous pourris ?"
Si vous le dites...
Mais dans ce cas, vous devrez admettre que "tous" ne sont pas "pourris" au même degré.

Prenons le "degré de pourriture" comme un indicateur, puisque c'est votre idée.
Pour le calculer, prenons les affaires judiciaires, bien sûr.
Les reniement tactiques.
Les mensonges.

Mais surtout, regardons l'appareil qui se cache derrière chaque candidat-e.
Mesurons bien la capacité de chacune de ces équipes à flinguer, par incompétence, manipulations ou coups de force, l'infrastructure d'un pays qui ne va pas bien. De ce point de vue, le FN est de loin la plus épouvantable escroquerie, la plus dangereuse.
 
Le dimanche 1er mai 2016, en clôture du discours prononcé lors du "banquet patriote et populaire" organisé par le Front national, Marine Le Pen a dit tout le bien qu'elle pensait de ce que ses partisans disaient sur les réseaux sociaux :

"Je le vois tous les jours, sur Facebook sur Twitter, sur les forums, vous faites vivre le débats", a-t-elle déclaré, en s'adressant à ses militants. "Vous êtes intelligents, drôles, convaincants, vous ne correspondez pas à l'image que les médias veulent donner de vous. Pour 2017, j'espère que grâce à internet vous serez une redoutable force de frappe démocratique !"

Alors allons voir ce que ces militants "intelligents, drôles, convaincants" disent de l'avenir qu'ils souhaitent pour le pays. Jetons un œil, par exemple, au fil #aunomdupeuple sur Twitter. Le FN y a posé ses quartiers. Scandalisant au passage une association de justiciables lyonnais, qui utilisait de longue date cette phrase liminaire des décisions de justice pour son site Internet.

On n'y trouvera probablement pas de tweets antisémites ou orduriers : c'est une vitrine modérée, surveillée par les outils des boites de com' engagées par Florian Philippot, le plus jeune et le plus emblématique de la bande, qui s'occupe de la stratégie et de la communication du FN.

Mais on trouvera des références visuelles cryptées. La couleur vert kaki de "Pepe the Frog" par exemple, mascotte des suprémacistes blancs qui ont fait campagne pour Donald Trump. Le crépitement des "bots" américains et russes, ces robots tweeteurs qui tweetent, retweetent et applaudissent grossièrement la candidate sur ce fil de messages. Les citations de Fdesouche, ce blog au nom délicieux qui relaye un cadrage apocalyptique de la situation française, à destination des crédules.



Et le pire n'est pas là.
Sur les comptes Facebook affiliés de près ou de loin au FN, la vérité de son mouvement s'y exprime sans filtre. Ces comptes-ci sont beaucoup plus difficiles à modérer. Les "administrateurs" de ces groupes sont supposé les surveiller. Mais apparemment personne ne les surveille, eux

Une fois fait ce petit tour du "vrai FN" en ligne, revenons à la présidentielle.
Et faisons le point sur ce qui ne va pas autour de nous. Vaste programme.
Mais demandons-nous si ça ne pourrait pas être encore pire. N'y a-t-il pas des institutions, des valeurs bien malades dans ce pays, qui pourraient mourir, comme ça, d'un coup d'un seul ? Dans les mois qui suivraient l'élection ?

La lumière est blafarde. Que ferions-nous, s'il faisait nuit d'un seul coup ? Nous laisserait-on rallumer la lumière ? La Cinquième République, régime sous lequel nous voterons, donnera au Président l'essentiel des pouvoirs. Inventée en 1958 pour éviter un coup d’État, elle aurait dû être modifiée cent fois.

Les monarques successifs ne l'ont pas fait. Ce n'est pas de votre faute, ni de la mienne. Cela nous a été promis. La promesse n'a pas été tenue. En mai 2017, nous changerons de monarque. Personnellement, cela me répugne. Mais le caractère exorbitant de ce pouvoir du Président de la République sous la Cinquième doit entrer en ligne de compte, car tous les monarques en lice ne méritent pas le même dégoût.

Marine Le Pen à l'Elysée, ce serait la "dédiabolisation" assurée de ce que ses supporters écrivent sur Twitter et Facebook. La bénédiction viendra, pour le coup, de tout en haut. Et des paroles aux actes, cela peut aller très vite, quand on a l'agrément du Palais.

Je ne voterai pas de gaieté de cœur. Les équipes en lice me déplaisent toutes, à des degrés divers.

Mais j'ai fait le calcul.
Si vous ne l'avez pas fait, s'il vous plait, faites-le aussi, s'il vous plait. Au nom de ce qui nous reste.

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